Il nous semblait primordial, à des fins de sensibilisation et de prévention, de favoriser l’accès à des données scientifiques vulgarisées au plus grand nombre de personnes possible. Un premier effort a été fait en ce sens sur la page Facebook de notre laboratoire pour présenter des résultats d’études de notre équipe sous forme d’infographies. Toutefois, nous avons remarqué que notre auditoire provenait principalement du milieu universitaire et que nos publications ne réussissaient pas à atteindre le grand public, notamment en raison de l'utilisation fréquente de jargon scientifique. Compte tenu des défis liés à la mobilisation des connaissances scientifiques auprès du grand public, nous avions le souci d’adapter nos méthodes de communication. C’est ainsi qu’est venue l’idée de concentrer nos efforts de vulgarisation sur Instagram, où l’auditoire est généralement plus jeune et où il y a un manque d’appui scientifique par rapport aux informations qui circulent.
Dans le cadre de notre projet de vulgarisation, nous avons décidé de nous concentrer sur les relations interpersonnelles, plus précisément les relations amicales et intimes. Ces types de relations sont les plus importantes pour une majorité des adultes de 18 à 30 ans1
, qui représentent la grande partie de notre auditoire sur Instagram. La perception que les jeunes adultes ont de la qualité de leurs relations interpersonnelles est déterminante pour leur santé psychologique et physique2
,3
,4
,5
. Or, le début de l’âge adulte est la période durant laquelle les individus sont les plus susceptibles de ressentir de l’insatisfaction par rapport à leurs relations sociales comparativement aux adultes plus âgé·e·s6
. Cette période constitue également une étape charnière de la vie, au cours de laquelle ces jeunes rencontreront plusieurs défis dans l’établissement et le maintien de leurs relations interpersonnelles (par exemple, conflits, ruptures, risques de violence). Les expériences positives et négatives qui en découlent seront une base pour leurs relations futures. Nommons, à titre d’exemple, les mauvaises expériences sexuelles qui peuvent être liées à une moins grande satisfaction sexuelle, ou une trahison qui peut affecter la capacité à faire confiance et à se sentir en sécurité avec les autres.
Dans ce contexte, notre initiative étudiante vise à publier du contenu sur un compte Instagram dans le but d'informer et de sensibiliser les jeunes adultes à l'importance de cultiver des relations saines et satisfaisantes. Les publications fournissent des définitions, des statistiques et des résultats scientifiques vulgarisés sur une variété de sujets liés aux enjeux fréquemment vécus par les jeunes adultes et au développement de relations saines. Jusqu’à présent, nous avons notamment diffusé des capsules sur la satisfaction sexuelle et relationnelle, la communication constructive, la violence et l’importance du soutien. Nous souhaitons aussi rejoindre les personnes appartenant à la diversité sexuelle et la pluralité de genre puisque certaines difficultés relationnelles sont plus fréquemment vécues par ces personnes7
,8
. Ainsi, nous avons mobilisé une équipe pour aborder, entre autres, l’orientation sexuelle, l’identité de genre et le stress minoritaire, qui sont définis comme des stress spécifiques, tels que l’homophobie et la discrimination9
vécus par les personnes issues de groupes sous-représentés.
Lions-nous est un projet qui forme également la relève pour une meilleure formation à la mobilisation des connaissances ! Depuis mars 2023, nous avons recruté 35 personnes étudiantes en psychologie de l’Université de Sherbrooke pour œuvrer à la création de contenu et toustes ont complété une formation sur les principes de base de la vulgarisation scientifique. Les moyens de diffusion utilisés sont des carrousels (suite d'images ou vidéos qu'on fait défiler au sein d'une seule publication) et des capsules vidéo de format réels illustrant des concepts clés liés au développement et au maintien de relations.
Depuis le lancement du projet, nous avons établi plusieurs collaborations significatives, notamment avec les créatrices du compte Instagram lessexmaitresses et celles du CRIPCAS. Nos collaboratrices partagent fréquemment nos contenus et invitent leurs abonné·e·s à nous suivre. Nous souhaitons que nos publications permettent à notre auditoire d’entamer une réflexion sur leurs relations et nous espérons que notre contenu les encouragera à adopter des comportements favorisant des relations saines, tels que manifester de l’empathie et du soutien. Restez à l’affut en vous abonnant à notre compte @labo_nous pour voir le fruit de notre travail !
Pour terminer, la concrétisation de ce projet aurait été impossible sans la collaboration de toutes les personnes qui ont œuvré ensemble pour y parvenir. En ce sens, nous voulons remercier très chaleureusement :
- Audrey Brassard, notre directrice de laboratoire, qui a à cœur de faire rayonner les travaux de ses étudiant·e·s et qui amène toujours son regard aiguisé sur les sujets traités.
- Anne-Sophie Gingras, notre collaboratrice principale experte en gestion de réseaux sociaux nous ayant soutenues dans la mise sur pied du projet.
- Nos autres collaboratrices au projet :
- Katherine Péloquin, professeure à l’Université de Montréal, experte en matière de relations intimes
- Juliette François-Sévigny, candidate au doctorat en psychologie de l’Université de Sherbrooke, experte en vulgarisation scientifique
- Éliane Dussault, candidate au doctorat en sexologie à l’Université du Québec à Montréal, experte en vulgarisation scientifique
- Katherine Péloquin, professeure à l’Université de Montréal, experte en matière de relations intimes
- Élodie Allain-Lamontagne, notre graphiste nous ayant permis d’avoir de superbes visuels pour nos publications
- Notre équipe de personnes créatrices de contenu
- Nos collaborateurs·trices : les Sexmaitresses, et l’équipe du CRIPCAS, composée de son comité étudiant, de l’équipe qui gère ses réseaux sociaux et des chercheuses et stagiaires post-doctoraux du CRIPCAS ayant pris part à des entrevues vidéo qui seront diffusées prochainement
- Nos merveilleux·euses abonné·e·s
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Les Fonds de recherche du Québec, pour leur octroi d’une subvention dans le cadre du concours Regards-ODD destiné à la relève étudiante, visant à soutenir des initiatives étudiantes ayant comme objectif d’échanger et de communiquer avec les 18-30 ans sur les objectifs de développement durable, dans ce cas-ci la bonne santé et le bien-être.
La publication de cet article a été rendue possible grâce à notre partenariat avec le Centre de recherche interdisciplinaire sur les problèmes conjugaux et les agressions sexuelles (CRIPCAS) et grâce aux Fonds de recherche du Québec.
Pour citer cet article: Lefebvre, A.-A., Gagné, A.-L., et Brassard, A. (2024, 22 avril). Lions-nous pour cultiver des relations saines. Blogue TRACE. https://natachagodbout.com/fr/blogue/lions-nous-pour-cultiver-des-relat…
- 1Madsen, S. D., et Collins, W. A. (2018). Personal relationships in adolescence and early adulthood. Dans A. L. Vangelisti et D. Perlman (Éds.), The Cambridge handbook of personal relationships (2e éd., pp. 135-147). Cambridge University Press. https://doi.org/10.1017/9781316417867.012
- 2Pengpid, S., et Peltzer, K. (2021). Associations of loneliness with poor physical health, poor mental health and health risk behaviours among a nationally representative community-dwelling sample of middle-aged and older adults in India. International Journal of Geriatric Psychiatry, 36(11), 1722-1731. https://doi.org/10.1002/gps.5592
- 3Robles, T. F., Slatcher, R. B., Trombello, J. M., et McGinn, M. M. (2014). Marital quality and health: A meta-analytic review. Psychological Bulletin, 140(1), 140-187. https://doi.org/10.1037/a0031859
- 4Taylor, R. J., Chae, D. H., Lincoln, K. D., et Chatters, L. M. (2015). Extended family and friendship support networks are both protective and risk factors for major depressive disorder and depressive symptoms among African-Americans and black Caribbeans. The Journal of Nervous and Mental Disease, 203(2), 132-140. https://doi.org/10.1097/NMD.0000000000000249
- 5Weymouth, B. B., Fosco, G. M., Mak, H. W., Mayfield, K., LoBraico, E. J., et Feinberg, M. E. (2019). Implications of interparental conflict for adolescents’ peer relationships: A longitudinal pathway through threat appraisals and social anxiety symptoms. Developmental Psychology, 55(7), 1509-1522. https://doi.org/10.1037/dev0000731
- 6Nicolaisen, M., et Thorsen, K. (2017). What are friends for? Friendships and loneliness over the lifespan-from 18 to 79 Years. International Journal of Aging & Human Development, 84(2), 126-158. https://doi.org/10.1177/0091415016655166
- 7Tan, K. K. H., et Saw, A. T. W. (2023). Prevalence and correlates of mental health difficulties amongst LGBTQ people in Southeast Asia: A systematic review. Journal of Gay & Lesbian Mental Health, 27(4), 401-420. https://doi-org/10.1080/19359705.2022.2089427
- 8Williams, A. J., Jones, C., Arcelus, J., Townsend, E., Lazaridou, A., et Michail, M. (2021). A systematic review and meta-analysis of victimisation and mental health prevalence among LGBTQ+ young people with experiences of self-harm and suicide. PLoS ONE, 16(1). https://doi-org/10.1371/journal.pone.0245268
- 9Hatzenbuehler, M. L., et Pachankis, J. E. (2016). Stigma and minority stress as social determinants of health among lesbian, gay, bisexual, and transgender youth: Research evidence and clinical implications. Pediatric Clinics of North America, 63(6), 985997. https://doi.org/10.1016/j.pcl.2016.07.003